Les boisements rivulaires de l'Adour amont
Une démarche d'identification et de préservation de ces milieux constitutifs de la trame verte et bleue
La démarche
Son cadre
La démarche portée par l'Institution Adour sur les boisements rivulaires de l'Adour amont s'inscrit dans le cadre de l'appel à initiatives pour la biodiversité (2016-2019) de l'Agence de l'eau Adour-Garonne. Proposé suite à la promulgation de la loi pour la reconquête de la biodiversité (2016), de la nature et des paysages*, ainsi que dans le cadre de la Stratégie Nationale pour la biodiversité (2011-2020) et du schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux du bassin Adour-Garonne (2016-2021), cet appel avait pour objectif d'accompagner des projets participatifs impliquant le grand public, des projets de restauration / valorisation de la trame verte et bleue et des projets visant la sauvegarde d'habitats et d'espèces protégées inféodées aux milieux aquatiques.
*loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, consultable ici.
Le contexte
Les schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) des Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie ont identifié (à travers les anciens schémas régionaux de cohérence écologique) les zones connexes des cours d’eau telles que les forêts riveraines comme un enjeu fort pour le maintien et la restauration de la continuité écologique.
Au cours des dernières années, de nombreuses coupes rases ont été observées en bord des cours d'eau du bassin de l'Adour, ces exploitations ayant essentiellement pour but d'approvisionner la filière bois-énergie, en plein développement au niveau national et au niveau du bassin versant.
Or les coupes rases ont un impact non négligeable sur les milieux et plus particulièrement sur les milieux alluviaux. En effet, ces derniers répondent à de nombreux enjeux (lutte contre les phénomènes d'inondation et d'érosion, amélioration de la qualité de l'eau, réservoirs de biodiversité et corridors écologiques).
D'autre part, l'Institution Adour est de plus en plus sollicitée par les collectivités du territoire afin d'apporter des éléments d'aide à la décision pour une meilleure prise en compte de ces enjeux liés aux cours d'eau et aux zones humides, notamment lors de la réalisation des documents d'urbanisme.
C'est donc dans ce cadre que l'Institution Adour s'est lancée dans une démarche visant à identifier et préserver les forêts riveraines, ou boisements rivulaires, sur un sous-bassin porteur de nombreux enjeux : l'Adour amont.
Ses objectifs
Pour bien prendre en compte les enjeux liés aux boisements rivulaires et afin de répondre aux besoins des collectivités, la démarche entreprise s'est fixé plusieurs objectifs :
- l'identification des boisements rivulaires du territoire : le diagnostic de ces milieux constitue le point de départ pour la construction de toute réflexion commune ;
- la construction d'un dialogue pour mieux apprécier les usages liés à directement ou indirectement à ces milieux : le travail de concertation est indispensable pour la construction d'une feuille de route et d'une vision commune pour l'avenir ;
- l'expérimentation d'une opération de restauration : les milieux rivulaires de l'Adour amont disposent d'une grande richesse écologique, mais sont aussi partiellement dégradés. Le dimensionnement d'un chantier test de restauration permet ainsi de mieux apprécier la conciliation des usages et des objectifs des parties prenantes (gestionnaires de milieux aquatiques et forestiers).
Dans le cadre de cette démarche, la poursuite de ces objectifs s'est notamment traduite par la réalisation d'outils d'aide à la décision, de rapports d'études, d'atlas cartographiques ou encore par la rédaction d'un cahier des charges adapté aux contraintes de ces milieux.
Le territoire
Le territoire retenu pour la mise en œuvre de cette démarche est celui du schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) de l'Adour amont.
Le SAGE fixe en effet des objectifs précis par ses dispositions en matière de protection des milieux alluviaux (notamment la disposition J.22. qui vise la préservation et la restauration de la végétation rivulaire jouant un rôle dans la protection des milieux aquatiques). Ces objectifs s'inscrivent plus largement dans la reconquête d'une bonne qualité des eaux sur le territoire. Enfin, les acteurs locaux du SAGE ont depuis quelques années fait émerger des questionnements sur la recherche de conciliation des usages (énergie, biodiversité, usages de l'eau, ...).
La démarche a ainsi été portée sur l'Adour et les 7 principaux affluents du territoire de l'Adour amont : l'Echez, l'Arros, l'Esteous, le Bahus, le Gabas, le Lées et le Louet.
Les boisements rivulaires
Eléments de définition
Avant tout, de quoi parle-t-on lorsque que l'on traite de ces milieux ?
Au sens de cette démarche, les boisements rivulaires correspondent à différents types de formations boisées :
- la ripisylve, qui correspond à la première ligne d'arbre se développant sur les berges des cours d'eau ;
- les boisements naturels proches du cours d'eau et dont l'écosystème dépend de la présence de ce dernier ;
- et les boisements cultivés en bord de cours d'eau, avec notamment les peupleraies (très largement répandues sur le bassin versant).
La démarche engagée s'intéresse donc à de nombreux types de formations boisées plus ou moins "humides" : des boisements de coteau ou de plaine, des forêts alluviales, des plantations sylvicoles ainsi que divers profils de ripisylve.
Sur le territoire de l'Adour amont, ces différents types de formations répondent à de nombreux enjeux qui dépendent des caractéristiques de chaque territoire et du fonctionnement hydrologique de leurs cours d'eau.
Usages et enjeux
La démarche s'est intéressée à trois types d'enjeux distincts qui s'expriment sur tous les territoires de la zone d'étude. Ils sont représentés par les différents services écosystémiques rendus par les boisements rivulaires. Ces services correspondent à l'utilisation par l'homme de certaines fonctions écologiques, à travers des usages variés et une réglementation qui encadre cette utilisation. Ces fonctions écologiques ne prennent donc la forme d'un service rendu à l'homme que dans la mesure ou les pratiques sociales reconnaissent le service comme tel. On distingue ainsi :
- le rôle de protection contre les inondations et l'érosion : ces boisements agissent comme « frein dynamique » face à l’écoulement des eaux, limitant ainsi l'intensité des phénomènes d'inondation et d'érosion de berge et ce dans les zones urbaines comme rurales (mais dans des proportions différentes) ;
- le rôle d'espace riche en biodiversité (voir les notions de réservoir de biodiversité et corridors écologiques au sens des trames vertes et bleues) : à cheval entre l’eau et la terre, les boisements rivulaires abritent où sont traversés par de nombreuses espèces, dont certaines y sont strictement inféodées. Cette biodiversité riche est menacée par la fragmentation des milieux que causent les activités humaines ;
- la ressource en bois et l'économie locale liée à la sylviculture : le développement du bois énergie dans le cadre de la transition énergétique engendre un besoin en ressource pour lequel les boisements rivulaires sont de plus en plus sollicités. Si cette activité n'est pas incompatible avec une bonne gestion des boisements rivulaires, elle se doit en revanche d'être mieux encadrée.