Les différentes étapes de la démarche
Phase d'étude
Identification des boisements rivulaires du territoire et de leurs enjeux
La démarche a débuté par le recueil et l'analyse des données existantes sur les boisements rivulaires du territoire de l'Adour amont. Ceci a permis de définir l'emprise des boisements rivulaires sur le territoire et de construire une première typologie des boisements rivulaires..
Outre les données spécifiques aux formations boisées, d'autres ont servi à caractériser des enjeux spécifiques à ces milieux : enjeux d'inondation (atlas des zones inondables, plans de prévention du risque inondation), d'érosion (faciès d'érosion relevés observés par les syndicats de rivières, ponts et routes soumises à l'influence d'un cours d'eau) et de biodiversité (périmètres de protection d'espaces naturels préservés ou remarquables).
Par la suite, des compléments été identifiés : données naturalistes, occupation du sol, acteurs impliqués. Et une seconde étude a complété les connaissances acquises durant la première. L'ensemble de ces travaux a conduit à l'élaboration d'une série d'atlas cartographiques qui constituent de véritables outils d'aide à la décision pour les collectivités et les porteurs de projets.
Télécharger le rapport d'études sur l'identification des boisements rivulaires de l'Adour amont
Réseau d'acteurs impliqués dans la thématique
La seconde étude s'est intéressée aux interactions entre les groupes d'acteurs du territoire, pour appréhender tant les échanges complexes, même quand les objectifs sont communs, que les potentiels conflits d'usages. Les spécificités propres à chaque territoire, nées de la variété des politiques d'aménagement, ont également été prises en compte.
Groupes de travail thématiques
La démarche s'est également intéressée aux besoins des acteurs locaux, organisés autour de trois sujets spécifiques. Le premier, qui concerne la fonctionnalité de ces habitats rivulaires au sein des milieux humides, a été pris en compte tout au long de la démarche et plus spécifiquement traité dans l'atlas cartographique qui intègre une trame verte et bleue. Les deux autres, qui traitent de l'intégration des boisements rivulaires dans les politiques d'urbanisme et de l'exploitation de ces milieux pour la filière bois énergie, ont été traités par deux groupes spécifiques, dans un esprit de concertation et de dialogue.
Groupe de travail "Urbanisme"
Ce groupe a défini des objectifs et pistes réflexion pour faciliter la prise en compte des boisements rivulaires par les urbanistes, notamment dans les documents qui orientent l'aménagement des territoires. Par exemple :
- l'importance d'associer les structures de formation pour améliorer le recueil d'informations et favoriser les opérations de restauration et valorisation ;
- la limite des outils d'urbanisme, pas toujours adaptés aux enjeux liés aux boisements rivulaires. Ainsi, le zonage en espace boisé classé, très protecteur, est trop restrictif pour être appliqué à large échelle ;
- le besoin d'une information synthétique sur les enjeux de ces milieux : pour distinguer les secteurs à protéger en priorité de ceux qui feraient l'objet d'une valorisation ou d'une évolution ;
- la nécessité de produire, à destination des élus, des outils de remontée d'information et de mobilisation plus efficaces.
Ces travaux ont jeté les bases des outils d'aide à la décision produits dans le cadre de cette démarche. Les fiches thématiques, notamment, ont pour vocation à répondre en partie à ces besoins.
Groupe de travail "Bois énergie"
Le second groupe deux professions distinctes amenées à opérer sur le même espace : les gestionnaires de la rivière et les forestiers. Il a identifié les leviers de conciliation des usages sur cet espace dans une optique de développement progressif de la filière bois énergie locale.
Il est ressorti de ces travaux et échanges :
- la nécessité d'un réseau d'approvisionnement coordonné, en cohérence avec les objectifs de gestion et de valorisation des deux parties. Cela passe notamment par l'identification des secteurs où un entretien est prioritaire, la mise en place de plateformes de stockage pour limiter les coûts d'intervention, etc. ;
- l'intérêt d'identifier les structures et opérateurs locaux et de développer les échanges pour s'accorder sur les bonnes pratiques et trouver des solutions communes dans le dialogue.
Les bonnes pratiques et méthodes identifiées ont été reprises dans une fiche thématique dédiée.
Chantier test : restauration d'un boisement rivulaire dégradé
Principe de l'opération
La phase opérationnelle de la démarche consiste en un chantier test pour mettre en œuvre les bonnes pratiques identifiées, restaurer un boisement rivulaire dégradé et évaluer les coûts et bénéfices des produits de coupes, dédiés à une valorisation énergétique.
Le boisement choisi, situé sur la commune de Saint-Jean-de-Lier (40), est constitué quasi-exclusivement d'une seule essence d'arbre exotique envahissant : l'érable negundo.
Le projet a été dimensionné en concertation avec différents acteurs : services de l'Etat, conservatoire botanique national Sud-Atlantique, syndicat de rivière, chambre d'agriculture, élus communaux.
Cette opération a été réalisée en durant l'été-automne 2021 et se poursuivra dans les années à venir avec pour objectifs :
- la restauration du site : abattage de tous les érables negundo (sauf en sommet de berge pour éviter l'érosion) et replantation d'essences variées d'arbres et arbustes communs de la région ;
- la valorisation des produits de coupe en bois énergie, après séchage sur une plateforme de dépôt ;
- l'entretien et le suivi du site sur les 3 années qui suivront la replantation : indispensable car l'érable negundo, très vigoureux, concurrencerait les nouveaux plants. La revente des produits de coupe financera une partie de cet entretien.
Même s'il ne sera pas extrapolable à toutes les opérations similaires, le bilan des coûts et bénéfices de celle-ci servira de retour d'expérience.
Phase d'abattage
L'abattage et le débardage des arbres coupés se sont déroulés durant les mois de juillet et août 2021. La quantité de bois évacuée est estimée à 250 tonnes et la surface traitée à 1,65 hectare. Le bois est entreposé sur un site de stockage distant de 1,8 km du site.
Les souches restantes ont été broyées et malaxées dans le sol, avec les autres rémanents. L'érable negundo étant capable de drageonnement, le broyage limite les repousses qui, à terme, concurrenceraient les espèces replantées. Et le malaxage recharge le sol en matière organique. Combiné à une mise en repos du site pendant quelques semaines (12 dans le cas présent), cela améliore la qualité du sol avant la replantation.
Phase de replantation
La plantation d'espèces adaptées au site s'est déroulée au mois de novembre 2021. Au total, près de 1000 plants ont été introduits sur le site, en alignements ou en bosquets :
- des arbustes : aubépine à un style (Crataegus monogyna), cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) et troène commun (Ligustrum vulgare) ;
- des arbres : chêne pédonculé (Quercus robur), frêne élevé (Fraxinus excelsior), bouleau verruqueux (Betula pendula) et aulne glutineux (Alnus glutinosa).
Entretien et suivi du site
Suite aux deux phases de travaux, le bois coupé restera entreposé sur le site de stockage quelques mois pour séchage avant d'être broyé et vendu. Les bénéfices dégagés par cette revente serviront à financer l'entretien du site sur une période de 3 ans afin de gérer la végétation spontanée (notamment les éventuelles repousses d'érable negundo). A l'issue de cette période, les plants seront supposés suffisamment matures pour ne pas risquer la concurrence d'espèces pionnières ou envahissantes. L’Institution Adour a confié la revente du bois et l'entretien du site au syndicat du moyen Adour landais (SIMAL), syndicat de rivière compétent sur ce territoire.
Au cours de ces 3 années d'entretien, divers paramètres seront suivis, comme le taux de reprise des plants.
Pour plus d'informations sur le chantier test (démarche, cahier des charges, enjeux), contactez le service Biodiversité de l'Institution Adour.