Origine du projet
Un travail partenarial a été engagé au printemps 2021 par le syndicat mixte des gaves d’Oloron, Aspe et Ossau (SMGOAO), le syndicat mixte des gaves d’Oloron et de Mauléon (SIGOM) et la communauté de communes de la vallée d’Ossau (CCVO) afin d’évaluer l’opportunité de mettre en place un programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) à l’échelle du sous-bassin du gave d’Oloron.
Les dégâts occasionnés par les événements climatiques de juin 2018 sur le sous-bassin et leur récurrence au cours des dernières années ont conduit les collectivités, et principalement celles en charge de la prévention des inondations, à s’interroger quant au dimensionnement, à la programmation et à la coordination de l’action publique en la matière afin d’accompagner le territoire dans l’amélioration de sa résilience face au risque d’inondation.
Ainsi, les collectivités et syndicats intervenant en matière de GEMAPI sur le sous-bassin du gave d’Oloron (SIGOM, SMGOAO et CCVO) se sont interrogées sur les modalités d’engagement d’un PAPI sur ce sous bassin. Pour ce faire, ils ont souhaité associer l’EPTB à cette réflexion, au regard de ses missions et compétences, de sa gouvernance et de sa vocation tant en portage de démarches stratégiques au service du territoire que de coordination et de mise en cohérence.
Par convention du 23 décembre 2022, les deux syndicats, la communauté de communes et l’Institution Adour ont engagé un partenariat pour l’élaboration d’un programme d’études préalable à un programme d’actions de prévention des inondations à l’échelle du sous-bassin du gave d’Oloron.
Crues historiques
Les inondations sur le secteur du PAPI ont pour origine les débordements de cours d’eau et se distinguent en trois types :
- les crues océaniques pyrénéennes : ce sont principalement des crues de printemps (entre mai et juillet), mais elles peuvent se produire en toute saison. Elles sont provoquées par des averses amenées par des vents du nord et du nord-ouest lors de dépressions océaniques. Les plus marquantes, du fait leur emprise territoriale, leur intensité et les dommages causés, sont les inondations de juin 1875, mars 1935, février 1952, juillet 1977 et juin 2000.
- les crues lentes, dites de plaine : apportées par les vents d’ouest à sud-ouest, les précipitations ont une très grande ampleur et nourrissent l’ensemble du chevelu hydrographique régional. Évènements hivernaux, parfois de printemps, les crues qui en découlent affectent généralement des territoires conséquents, qui dépassent celui du sous-bassin. Parmi les événements passés les plus remarquables à l'échelle du sud-ouest, on citera ceux de mars 1783, mars 1927, décembre 1981, mai 2007 ou encore janvier 2014.
- Les crues orageuses / méditerranéennes : ce sont des phénomènes de crues beaucoup plus localisées et très rapides, résultats de pluies orageuses de type méditerranéen, ou intenses, et d'une configuration favorisant le ruissellement et la saturation des écoulements. Les évènements de 1998 et de 2018 font partie des événements récents qui ont profondément marqué le territoire.
- Les inondations par remontées de nappe peuvent également impacter le périmètre du gave d'Oloron. Ce type d’inondation intervient lorsque les sols sont saturés d’eau. La nappe affleure et une inondation spontanée se produit mais elle peut perdurer plusieurs jours voire plusieurs semaines. Très peu d’évènements de ce type sont recensés sur le sous-bassin.
Tendances d’inondation par secteur
Sur le territoire du gave d'Oloron, les paramètres influençant les phénomènes d’inondations sont multiples et complexes. Il existe différents états de la dynamique de crue, ce qui ne permet pas de dresser un seul et unique schéma de fonctionnement des inondations.
Il est préférable d’identifier des tendances d’inondations par secteur homogène :
- secteur du bassin versant du gave d’Ossau : il s’agit du secteur le plus en altitude du territoire, ainsi il est sujet au débordement consécutif à des crues pyrénéennes océaniques principalement liées à de fortes pluies associées à un redoux et la fonte des neiges provoquant des crues dévastatrices. La crue de juin 1875 reste la crue historique du secteur. Ce secteur, présentant de nombreux petits affluents avec de fortes pentes, est sujet au phénomène de lave torrentielle. Ce phénomène est caractérisé par un transport solide important pouvant créer des dégâts considérables.
- secteur du bassin versant du gave d’Aspe : la dynamique est très similaire à celle du bassin versant du gave d’Ossau avec des débordements liés à des crues pyrénéennes océaniques. Ce secteur présente des enjeux humains moins souvent impactés avec cependant des enjeux logistiques forts dont une route nationale permettant le passage en Espagne et une voie ferrée.
- secteur du Vert et des Mielles : ce secteur est relativement anthropisé et sujet aux débordements. Ce bassin est notamment sensible aux pluies orageuses intenses de durée moyenne. Les crues de ces cours d’eau peuvent impacter la plus grande ville du territoire (Oloron-Sainte-Marie) et des villages importants (Moumour, Agnos).
- secteur des affluents rive droite et rive gauche du gave d’Oloron : ce secteur est composé d’une multitude de petits affluents (de 2 à 15 km de long) qui ont la particularité d’inonder des zones très rurales caractérisées par de l'habitat diffus. Les débordements interviennent suite à de violents orages qui provoquent une montée des eaux rapide et violente.
- secteur du Saleys : les débordements sont dus à une montée des eaux consécutive à des orages apportant des cumuls de pluies importants sur un temps très court. Ce bassin-versant relativement petit mais avec de fortes pentes génère une augmentation du débit de la rivière rapide. La ville de Salies-de-Béarn est exposée et a été régulièrement inondée, notamment en 2018.
- secteur du Saison : le secteur du Saison connait des débordements similaires a ceux de l’aval du gave d’Oloron, de type crue pyrénéenne. Le massif karstique montagneux, particularité notoire de ce secteur, a une forte influence sur la dynamique des crues.
- secteur aval du gave d’Oloron : sur cette partie aval du territoire du PAPI gave d’Oloron, la plaine du gave, appelée l’Arribère, permet au gave des débordements lents de type crue de plaine survenant suite à des pluies orageuses ou à des fortes pluies hivernales. Lors de ces épisodes, les débordements sont relativement lents.
Historique des crues
Surveillé depuis plus de 100 ans, il existe des données conséquentes relatives aux débordements des cours d'eau principaux du territoire. Ceux-ci restent cependant à prendre en compte avec précaution :
- leur nombre et leur précision sont inversement proportionnels à leur ancienneté ;
- des modifications ont été apportées sur l’ensemble du bassin versant par l'Homme, influençant les conditions d’écoulement. Ainsi, une « grande crue passée » n’aurait pas les mêmes conséquences aujourd'hui que celles qu’elle a eues par le passé.
Crue de juin 1875
En juin 1875, de fortes pluies coïncidant avec la fonte des neiges entraînèrent une crue historique notamment sur les secteurs amont du territoire.
Crue de novembre 1928
A la suite de neiges précoces jusqu'en basse altitude, un redoux et de fortes pluies se sont abattues sur l'ouest des Pyrénées, en particulier sur la vallée d'Ossau. Associées à la fonte des neiges qui recouvraient les montagnes jusqu'à basse altitude, ces pluies ont provoqué une très forte crue du gave d'Ossau et de ses affluents. Il s'agit de la plus forte crue observée au 20ème siècle en vallée d’Ossau.
Crue du 16 juin 1992
Le 16 juin 1992, une situation orageuse amène des pluies diluviennes en Béarn et en Soule. A Sainte-Engrâce, sur l’amont du gave du Saison, 165,8 mm de pluie sont enregistrés en 4 heures. La commune est noyée sous 2 mètres d’eau. Au barrage de Sainte-Engrâce, un glissement de terrain emporte une portion de route de 50 mètres à une distance de 100 mètres de l’appui rive droite (rapport SHEM - Service HydroElectrique de Midi-Pyrénées). A Tardets, le gave grimpe de plus de 2 mètres en quelques minutes provoquant un torrent furieux qui dévaste tout sur son passage (coupures de courant, éboulements de roches, pont fracturé, inondations, routes coupées). Le long du Vert, Lourdios-Ichère est dévastée.
Crue du 5 juin 1998
Les violents orages du 5 au 6 juin 1998 ont provoqué des inondations dévastatrices du Saleys, cours d’eau qui traverse la commune de Salies-de-Béarn. Cet épisode a causé des dégâts considérables dans le bourg et la partie centre du village (torrents de boue dévastateurs, voitures emportées, maisons et magasins entièrement inondés). Il s’est caractérisé par de fortes pluies abondantes, sur une période de 24 heures, estimées entre 65 et 115 mm. Les dommages ont été d’une gravité relativement élevée avec un impact humain. On a déploré 2 victimes, une sur Salies-de-Béarn et une à Montfort. Dans le village de Salies, un total de 18 voitures a été emporté par les flots et les torrents de boue, plusieurs maisons et magasins ont été dévastés.
Crue de juin 2018
Sur l’ensemble du territoire, les événements de juin 2018 ont été marquants. Sur le gave d’Ossau, une crue majeure s'est produit inondant près de 200 maisons. Dans la vallée de l’Escou, près de 200 maisons sont également touchées. En aval, la cote du gave d'Oloron a atteint un nouveau record à Escos avec plus de 5 mètres, nécessitant l'évacuation de plus de 200 personnes. Sur le Saleys, à Salies-de-Béarn, il est estimé que la commune a été inondée à 65 % par une crue exceptionnelle affectée d'un temps de montée extrêmement rapide. Sur le secteur, des cumuls de précipitation de 70 à 100 mm ont été enregistrés de 20h00 jusqu’à environ 23h30.
Des évènements peu conséquents mais plus fréquents
La liste ci-dessus n’est pas exhaustive, de très nombreuses crues non référencées ici ont touché les habitants et impacté le territoire. D’une manière générale, sur le territoire du PAPI, le niveau de connaissance est très hétérogène. Au sein des communes et des collectivités en charge de la voirie, les élus et le personnel technique ont une bonne connaissance des impacts des crues récentes. Pour ce qui concerne les évènements plus anciens ainsi que leurs conséquences, les données de mémoire d'Hommes sont plus rares et moins fiables.