Origine du projet
La démarche de PAPI sur le sous-bassin de l'Adour maritime s'inscrit à la fois dans la continuité d'un cadre réglementaire local et constitue un réponse à des attentes territoriales.
Cadre réglementaire
Chaque bassin hydrographique du territoire français a fait l’objet d’un état des lieux du risque d'inondation intitulé « évaluation préliminaire du risque d’inondation » (EPRI). Ces études ont permis à l’État d’identifier les territoires exposés concentrant le plus d’enjeux : les territoires à risque important d’inondation (TRI).
Le TRI côtier basque est constitué de 13 communes, bordant l’Adour ou faisant face à l’océan Atlantique : Anglet, Bayonne, Biarritz, Bidart, Boucau, Ciboure, Guéthary, Hendaye, Lahonce, Mouguerre, Saint-Jean-de-Luz, Urrugne (Pyrénées-Atlantiques) et Tarnos (Landes). Ce TRI présente la particularité d’être mixte, traitant à la fois la submersion marine le long du littoral basque et les débordements fluviaux le long de l’Adour. Le périmètre du TRI côtier basque a été défini par arrêté préfectoral du 11 janvier 2013.
Après identification d'un TRI, l’élaboration d'une stratégie locale de gestion du risque d’inondation par le territoire est requise par les textes. Dans le cadre de la stratégie locale de gestion du risque d'inondation afférente au TRI côtier basque, le périmètre a été étendu au delà de celui du TRI : jusqu’à Port-de-Lanne en amont, et ce par souci de cohérence hydrographique, soit 10 communes supplémentaires (23 communes au total). L’objectif d'une SLGRI est d’instaurer un espace de dialogue entre les différents acteurs du territoire pour aboutir à une vision partagée du risque d’inondation tout en mutualisant les actions. Par convention du 5 février 2019, la communauté d’agglomération Pays Basque et l’Institution Adour ont collaboré pour l’élaboration du volet fluvial de la stratégie locale de gestion du risque d’inondation (SLGRI) du TRI côtier basque. Ces deux structures ont ainsi associé leurs compétences pour assurer l’animation de la démarche et la mobilisation des parties prenantes. La SLGRI a été présentée en commission inondation du bassin Adour-Garonne en mars 2020 et approuvée par arrêté préfectoral le 20 juillet 2020.
Attentes territoriales en matière de prévention des inondations
Durant la dernière décennie, le sous-bassin de l'Adour maritime à connu des crues à répétition. En effet, après plus d'une trentaine d'années sans crue remarquable, les territoires limitrophes aux gaves réunis, en particulier, ont connu une recrudescence de crues marquantes : le secteur à été confronté à des inondations importantes les 4 et 25 janvier 2014, le 13 juin 2014, le 13 juin 2018, le 13 décembre 2019, le 10 décembre 2021 et, dans une moindre mesure, le 11 janvier 2022. En outre, les communes riveraines de la Bidouze ou encore l'aire urbaine de Bayonne ont également connu des crues remarquables en 2009, 2014, 2021 et 2024.
Poussés par la nécessité de se prémunir contre les inondations, les ECPI-FP concernés (communauté d’agglomération Pays Basque, communauté de communes Pays d’Orthe et Arrigans, communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud et communauté de communes du Seignanx) ainsi que le syndicat mixte du bas Adour maritime, ont sollicité l’Institution Adour pour l'engagement et le portage d’un programme d’actions de prévention des inondations sur le périmètre de l’Adour aval. Dans ce cadre, l'organisation partenariale a été discutée afin d'aboutir à une convention ayant pour objet de fixer les modalités de partenariat entre les différentes collectivités partenaires du projet de PAPI Adour aval.
Crues historiques
Crues généralisées de l'Adour et ses affluents
Crue du 5 avril 1770
Bien que peu de données existent sur cette crue, toutes les études sur l’Adour en font état en tant que hauteur record à Dax avec 6,80 m à l’échelle du vieux pont. Malheureusement aucune autre marque que celle du pont à Dax ne subsiste. Par ailleurs, les conditions d’écoulement depuis 1770 ont été modifiées. Localement, des endiguements ont notamment été construits ou relevés à la suite de crues significatives (en particulier la crue de 1952) et le lit de l’Adour, du fait notamment d’une activité d’extraction de granulats, a été affecté d’érosion régressive.
Crue des 2 et 3 février 1952
La crue généralisée de février 1952 est la plus forte crue du bassin de l’Adour au cours des cent dernières années.
Cet événement est de type océanique pyrénéen, généré par un flux ouest/nord-ouest soutenu qui bloque les perturbations sur le relief. Les averses sont particulièrement violentes sur le massif Pyrénéen. On relève du 31 janvier au 4 février 1952 jusqu’à 471 mm de pluie à Laruns (Pyrénées-Atlantiques), dont 104 mm le 31, 194 mm le 1er et 142 mm le 2. Sur les Hautes-Pyrénées, le cumul pluviométrique atteint 358 mm à Bagnères-de-Bigorre-Chiroulet.
La crue est caractérisée par les apports notables des bassins moyens dont l’importance croît d’amont en aval, avec une montée rapide des niveaux (en une journée). L’influence de la marée accentue les débordements. On relève à Dax un maximum de 6,52 m à l’échelle, soit 0,28 m de plus que pour l’événement de 1879, sans atteindre toutefois le niveau d’avril 1770. Sur les communes d’Urcuit, Mouguerre et Lahonce, les barthes ont été inondées jusqu’à 1,5 mètres d’eau du fait du débordement de l’Adour et de l’Ardanavy. Ponctuellement, certains habitats ont été submergés de 20 cm à 3 mètres d’eau.
Crue des 24 et 25 janvier 2014
En 2013, le bassin-versant de l’Adour a connu des pluies importantes et les cours d’eau ont débordé. En novembre 2013, le cumul des précipitations était de 270 mm, suivi au mois de janvier, par un cumul de 250 mm (210 mm à Mont-de-Marsan, 230 mm à Pau, 267 mm à Bayonne et 324 mm à Dax). Le 24 janvier, il est tombé plus de 70 mm à Tarbes. Les Préfectures des Hautes-Pyrénées et du Gers ont alors alerté les élus locaux. Ce sont surtout les affluents amont de l'Adour qui ont connu une forte montée des eaux : l’Échez, le Louet et l’Arros. Dès le mardi, la situation s’est améliorée, mais l’Adour gonflée par ses affluents amont, n’a pas épargné les villes d’Aire-sur-l’Adour, Grenade-sur-l’Adour et Dax. Le niveau a atteint 5,97 m au vieux pont de Dax et la crue est considérée comme étant proche de la crue trentennale. À Bayonne, la crue s’est conjuguée à des coefficients de marée très importants. Les inondations ont duré plus d’une semaine et les dommages subis ont été considérables. Sur le bassin-versant de l’Adour, cette crue correspond à une crue d’ordre trentennale.
Cette crue a marqué le territoire puisqu’il s’agit de la première inondation significative depuis plus de trente ans. Malgré la localisation majoritairement hors zone inondable des enjeux, de nombreux dégâts ont été recensés : environ 200 habitations, quelques stations d’épuration et postes de refoulement, et des exploitations agricoles ont ainsi été inondés. Globalement, la crue a causé environ 3 millions d’euros de dégâts, dont 2 millions pour la ville de Dax et près de 200 000 € pour la réparation des digues.
Plus à l'aval, les barthes des gaves réunis et de l'Adour maritime, directement touchées par les deux épisodes pluvieux, ont été largement inondées (communes de Saint-Barthélémy, Saint-Laurent-de-Gosse et Saint-Martin-de-Seignanx et Tarnos). On signale de nombreuses dégradations de digues et de nombreuses habitations touchées.
Crues des gaves réunis
Crues de juin 1856 et 1889
Peu d'informations retracent les crues historiques des gaves réunis ; pour autant, il est possible d'affirmer que les niveaux d'eau de la crue du 12 juin 1889 n'ont jamais été égalés. A Peyrehorade, la crue des gaves réunis de 1889 a atteint une hauteur de 5,82 m à l'échelle du pont.
Trente-trois ans auparavant, la crue du 17 juin 1856 avait atteint 5,80 m à Peyrehorade. La crue de 1856 reste elle aussi une crue historique, dépassant de 10 centimètres la crue généralisée de 1952 à Peyrehorade.
Crue du 13 juin 2018
La crue de juin 2018 a été l'une des plus importante entrainant l'évacuation de 290 personnes et la fermeture de 41 routes. Son niveau à l'échelle du pont à Peyrehorade est de 5,62 m soit 20 centimètres de moins que la crue de 1889.
Cette inondation résulte des pluies particulièrement persistantes et abondantes qui ont arrosé les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Le 12 juin 2018, les cumuls mesurés sont compris entre 40 et plus de 100 mm du sud des Landes. A l'amont des gaves réunis, il est mesuré 91,3 mm de précipitation à Pau provoquant la crue des gaves de Pau et d'Oloron.
Crues de la Bidouze
Crue du 17 juin 1856
La crue la plus importante de la Bidouze a eu lieu lors de la crue du bassin-versant de l'Adour maritime, le 17 juin 1856. Les plus hautes eaux connues ont été mesurées à +5,97 m au port de Bidache par rapport à la côte NGF au port de Bidache. A titre de comparaison, la hauteur d'eau mesurée lors de la crue généralisée de 1952 était de +4,72 m NGF à Bidache.
De tels niveaux d'eau n'ont plus été observés sur le sous bassin-versant de la Bidouze jusqu'à la crue de juillet 2014.
Crue des 3 et 4 juillet 2014
Le printemps 2014 s'est révélé particulièrement humide dans le sud-ouest ; après une décade orageuse et très pluvieuse, des orages diluviens (50 à 100 mm) se sont abattus pendant la nuit du 4 juillet sur tout le secteur entre Mauléon et Baigorri. L'alerte météo déclenchée le 4 juillet sur 31 départements s'est particulièrement concrétisée sur le pays basque. Les hauts bassins du Saison et de la Nive sont les plus concernés. Les sols étant déjà saturés par les pluies du printemps, la violence des précipitations a provoqué une brusque montée des eaux de toutes les rivières de Soule et du pays basque. Les crues ont concerné :
- le Laurhibar et la Nive à Saint-Michel, Saint-Jean-Pied-de-Port et Ispoure ;
- la Bidouze à Saint-Palais (commune très éprouvée où une vague a submergé l'usine Pedavia), Bergouey, Viellenave, Larceveau, Uhart-Mixe, et à Ostabat- Asme (où la violence et la rapidité de montée des eaux ont provoqué la mort d'un riverain). Le point haut de la Bidouze à Aïciritz est noté entre 8h30 et 9h ;
- la Joyeuse qui a débordé à Saint Palais, Lacarre, Uhart-Mixe et surtout à Iholdy avec une niveau atteint de plus de 2 mètres au-dessus de la crue historique de 1915 et deux ponts emportés ;
- le Lihoury à Bidache ;
- la Nive à Baïgorri et Cambo-les-Bains, et les nombreuses piscicultures dévastées.
Au total, on compte 102 communes sinistrées, de nombreuses routes coupées, des ponts détruits, 88 entreprises sinistrées (thermes de Cambo, menuiserie de Baïgorri, abattoirs de Saint-Jean-Pied-de-Port, grande surface commerciale d'Amendeuix, etc.), 57 artisans et 500 agriculteurs impactés.