Opération gave de Pau — Seuil d’Asson du projet aux travaux d’aménagement du site en 2021
Le pont de Ribere malmené par l’Ouzom
Le pont d’Asson, dit de « Ribere », permet de franchir l’Ouzom entre les communes d’Asson et d’Igon. Il a probablement été construit une première fois en 1878, avant d’être rénové en 1923, puis en 1966 pour prendre sa forme actuelle.
Dans la nuit du 19 au 20 décembre 1980, une crue exceptionnelle de l’Ouzom déclencha, à l’aval immédiat du pont, une forte érosion régressive de la rive gauche (côté Asson) qui provoqua l’affaissement de la culée sur cette même rive, et le basculement du pont.
Entre le 10 février et le 30 juin 1981, des réparations sont entreprises, notamment en réutilisant le tablier du pont existant.
Afin d’éviter que cela se reproduise, le conseil général des Pyrénées-Atlantiques a décidé de stabiliser le fond du lit, en construisant un seuil en enrochements à l’aval du pont. Cet ouvrage fut équipé d’une passe mixte en rive gauche, pour son franchissement par les poissons ainsi que les embarcations.
Photographies du pont de la RD35, à la suite de son affaissement en janvier 1981 (gauche) et à la suite des réparations en juin1981 (droite) (Conseil départemental 64)
Un seuil et ses équipements à rénover
Depuis sa construction, le seuil d’Asson, soumis au régime torrentiel de l’Ouzom, s’est dégradé petit à petit. Une partie du coursier en enrochements a été emportée vers l’aval. La pérennité de cet ouvrage était donc en jeu et, par conséquence, celle du pont implanté à l’amont.
De fait, à l’aval du seuil, le fond du lit de l’Ouzom s’est abaissé : la hauteur de chute du seuil est passée de 1,20 m à 2,20 m.
La passe mixte perdait sa fonctionnalité pour les poissons migrateurs, et le seuil devenait une barrière totale au franchissement. Ceci était d’autant plus problématique que l’Ouzom présentait, entre autres, un très bon potentiel pour la reproduction des saumons.
Enfin, la dégradation du dispositif, et en particulier la présence de fer à béton dans la passe, engendrait un danger pour la descente des embarcations.
En 2016, l’Institution Adour a engagé des études pour dimensionner des travaux de réparation de ce seuil et d’amélioration du franchissement par les poissons migrateurs et les embarcations.
Photographies de l’aménagement avant les travaux en février 2018 (Institution Adour)
2021 : un nouvel aménagement
Les travaux d’aménagement ont été réalisés, de juillet à décembre 2021, pendant la période de basses eaux de l’Ouzom.
L’Institution Adour avait retenu le bureau d’études ECOGEA pour la maîtrise d’œuvre, Dekra pour la coordination de sécurité et de protection de la santé, et les entreprises Casadebaig et Laborde pour l’exécution des travaux.
Le montant total de l’opération d’aménagement de ce seuil est de 605 804,00 € TTC. L’Institution Adour a bénéficié du soutien financier de l’agence de l’eau Adour-Garonne et de l’Union européenne avec le Fonds européen de développement régional, ainsi que des participations de la part de ses membres que sont le Département des Pyrénées-Atlantiques et la Région Nouvelle Aquitaine.
La réparation du seuil et l’aménagement de nouveaux dispositifs
Les travaux ont principalement consisté à :
- réparer le seuil, par l’apport d’enrochements et la reprise du béton ;
- construire une nouvelle passe à poissons en rive gauche. C’est une rampe en enrochements, munie de singularités (plots en béton) ;
- bâtir une nouvelle passe à embarcations, accolée à la passe à poissons ;
- aménager deux pré-barrages en aval, pour réduire la hauteur de chute du seuil et prévenir contre un éventuel abaissement du fond du lit à l’aval ;
- installer une signalisation spécifique pour les pratiquants de loisirs nautiques.
Pendant la durée du chantier, l’Ouzom a été dérivé à l’aide de batardeaux, afin de travailler dans une zone protégée et à sec.
Photographies de l’aménagement pendant les travaux, lors de la mise en place du batardeau en août 2021 (gauche) et lors de la construction de la rampe à macro-rugosité en septembre 2021 (droite) (Institution Adour)
Les avantages des nouveaux dispositifs pour le franchissement par les poissons
La nouvelle passe à poissons consiste en un chenal reliant le cours d’eau de l’amont et à l’aval du seuil. L’avantage majeur de ce dispositif est d’entonner un débit plus important que d’autres techniques, ce qui le rend plus attractif, et donc plus efficace, pour les poisons.
Les singularités régulièrement réparties sur le fond dissipent localement l’énergie de l’écoulement ; cela réduit les vitesses et offre des zones de repos aux poissons circulant dans le dispositif.
Le chenal présente un devers latéral, pour un fonctionnement du dispositif sur une large gamme de débits : de l’étiage (bas débit) à 2 fois le débit moyen interannuel. Cela crée aussi une zone de bordure avec des hauteurs d’eau et des vitesses moindres, plus favorables aux espèces de petite taille. Enfin, cette zone de faible vitesse associée aux rugosités de fond facilite la remontée pour les anguilles.
La passe à embarcations, quant à elle, a été équipée, sur son fond, de ralentisseurs en bois : ils aideront au passage des poissons qui s’engageront éventuellement dans ce dispositif.
Enfin, les prébarrages ont été pourvus d’échancrures, pour leur franchissement en basses eaux, et de passes spécifiques pour les anguilles en rive gauche.
Photographies de l’aménagement après les travaux en janvier 2022 vue depuis l'aval (droite) et vue depuis le pont (gauche) (Institution Adour)
Partenaires financiers
Membres de l'Institution Adour cofinanceurs
L’Institution Adour a présenté son projet au programme national « Nature 2050 » (https://www.nature2050.com/), porté par CDC Biodiversité (filiale 100 % Caisse des Dépôts), et qui vise la restauration de la biodiversité et le renforcement de l’adaptation des territoires au changement climatique à l’horizon 2050.