L'étude prospective Adour 2050
Deux constats sont à l’origine du projet : la vulnérabilité de la ressource en eau et la nécessité d’anticiper son évolution pour mieux aménager et s’adapter.
Émergence
Les spécialistes sont globalement d’accord sur le fait de dire que des changements climatiques sont à l’œuvre dans le Sud-Ouest : augmentation des températures, modification du régime des précipitations, recrudescence des phénomènes extrêmes, etc. De plus, les modèles des scientifiques du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l‘Evolution du Climat) prévoient une accentuation de ces phénomènes dans le futur, même dans l’hypothèse où une politique mondiale de stabilisation des émissions de gaz à effet de serre serait engagée dès aujourd’hui.
Les impacts sur la ressource en eau, que ce soit en terme de disponibilité, de qualité de l’eau et des milieux ou de crues, sont eux aussi avérés mais restent encore mal connus à l’échelle locale d’un bassin versant. De plus, les activités présentes sur le territoire (urbanisation, agriculture, tourisme, industrie, énergie, etc.) constituent au quotidien une pression supplémentaire qu’il convient de considérer dans l’équation.
L’eau devient donc une ressource rare et les enjeux de sa préservation doivent être considérés dans les choix d’aménagement d’un territoire, s’il veut conserver son attractivité et offrir un espace durable pour le développement de ses projets.
Territoire d'étude : bassin de l'Adour et côtiers basques
L’étude est réalisée sur le périmètre des bassins de l’Adour et des côtiers basques soit environ 17 300 km². Ce territoire comprend tout ou partie des départements du Gers, des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées.
Le réseau hydrographique superficiel concerné par l’étude prospective comprend l’Adour et ses affluents ainsi que les 9 fleuves de la côte basque. Il comprend également les masses d’eau type lacs et de transition. Au-delà du réseau hydrographique superficiel, les eaux souterraines (nappes alluviales, nappes captives, nappes libres sédimentaires, etc.) sont également intégrées au périmètre de l’étude prospective, du fait de leur caractère stratégique.
Plaines agricoles, piémont pyrénéen, montagnes, littoral basque, agglomérations, etc. font de ce territoire un territoire varié avec de multiples usages de l’eau et autant d’enjeux de préservation.
Objectifs
L’ambition de l’étude prospective Adour 2050 est de donner aux décideurs les moyens de comprendre les impacts présents et futurs des changements climatiques et des évolutions socio-économiques sur les différentes composantes de la ressource en eau des bassins de l’Adour et des côtiers basques.
Elle vise à les orienter vers les actions d’adaptation les plus pertinentes et à les prémunir contre les pièges de la «mal-adaptation».
Cette étude s’organise autour d’un diagnostic prospectif partagé par tous les acteurs du territoire, suivi de la mise en perspective de scénarios d’évolution alternatifs avec leurs conséquences sur la ressource en eau et sur le contexte socio-économique à l'horizon 2050, permettant l’émergence de pistes d’adaptation envisageables sur le territoire. La démarche est basée sur une construction collective, grâce à la mobilisation forte des acteurs du territoire, notamment au travers d'ateliers de concertation.
Déroulement
Phase 1 : construction collective d’un diagnostic prospectif
La première phase de l’étude consistait à construire un diagnostic prospectif sur les éléments déterminants de l’avenir de la ressource en eau du territoire. Le scénario climatique sélectionné pour l'étude est l'élément central de l'exercice de prospective.
Lors des premiers ateliers de concertation de l'étude, l'objectif était :
- d'étudier et de consolider les hypothèses d’évolution des caractéristiques propres du territoire : sa démographie, son économie, son agriculture, etc.
- de définir ensemble les micro-scénarios d'évolution pour les thématiques développées dans l'étude : l'aménagement du territoire et la population, l'industrie, l'agriculture, le tourisme, les ressources en eau et l'énergie, et la gouvernance
A l'issu de ces ateliers, de nombreux micro-scénarios ont été développés pour chaque thématique. Pour chacune d'entre elles, un micro-scénario tendanciel (c'est-à-dire dans la continuité des dynamiques actuelles) a été sélectionné, menant à la construction d'un scénario tendanciel global. Les autres micro-scénarios sont alors considérés comme "alternatifs", représentant une rupture par rapport au tendanciel. Ils ont été mobilisés lors de la deuxième phase de l'étude.
Les impacts du scénario climatique et du scénario tendanciel sur la ressource en eau (quantité, qualité, état des milieux et risque d'inondation) et sur le contexte socio-économique à l'horizon 2050 ont été développés afin d'appréhender la vulnérabilité du territoire.
Phase 2 : élaboration collective de scénarios "admissibles"
La deuxième phase de l'étude consiste à élaborer des scénarios d'évolution alternatifs, dits "admissibles" pour la ressource en eau et le contexte socio-économique du territoire à l'horizon 2050.
Ces scénarios ont été construit au cours des seconds ateliers de concertation de l'étude, grâce à l'implication des acteurs du territoire. Les micro-scénarios développés lors des premiers ateliers ont été utilisés dans ce cadre.
Les scénarios alternatifs ont été évalués au regard de leurs impacts sur la ressource en eau (quantité, qualité, état des milieux et risque inondation) et sur le contexte socio-économique du territoire à l'horizon 2050. Les différents scénarios ont ensuite pu être comparés les uns aux autres afin de retenir les deux scénarios "les plus souhaitables".
Phase 3 : traduire les scénarios "admissibles" en pistes d'adaptation concrètes pour le territoire
La troisième phase de l'étude s'est portée sur la sélection d'actions à mettre en place dès aujourd'hui par les acteurs du territoire, dans le but de tendre vers l'un des deux scénarios jugés les plus souhaitables lors de la seconde phase d'Adour 2050.
Ces actions à promouvoir sont réparties dans 7 orientations stratégiques, complémentaires et prioritaires. Elles ont ainsi pour objectif de proposer des solutions intégrées et multifonctionnelles et s'appuient sur les spécificités et complémentarités des territoires de l'Adour et des côtiers basques. Elles permettront de créer une rupture avec les évolutions tendancielles en faisant preuve d'innovation. Enfin, elles s'appuient sur les logique de l'économie circulaire et permettront, ensemble, d'éviter la "mal-adaptation" du territoire.
Pilotage et concertation
L’étude prospective Adour 2050 est portée par l’Institution Adour, en partenariat avec l’agence de l’eau Adour-Garonne, les départements du Gers, des Landes, des Pyrénées-Atlantiques, des Hautes-Pyrénées, les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, ainsi que l’Observatoire de l’Eau du Bassin de l’Adour.
La réalisation de l’étude fait appel à des méthodes de travail participatives, laissant une place importante aux débats. Des ateliers de concertation, des groupes de travail, des réunions publiques, etc. sont organisés au gré des différentes phases de l’étude, pour échanger et co-construire l’étude prospective Adour 2050.
Une attention particulière est portée sur la composition de ces instances collectives afin de s’assurer que l’ensemble des parties prenantes soient représentées pour, in fine, aboutir à une vision juste de la ressource en eau du territoire d’aujourd’hui et de demain et à des pistes d’adaptation réalistes.